Jean Pierre RICHARD
Un ange distrait :
"Je prétends simplement que nous vivons dans un époque frileuse.Vous avez peur de tout.Un misérable coup de poing dans une cour de récré devient une affaire d'Etat.Dès qu'il y a le moindre problème,on signe des pétitions,on s'abrite derrière une association pour attaquer la mairie,l'hôpital,le gouvernement!Quand des automobilistes sont coincés dans le neige sur une autoroute,on met en place une cellule d'urgence de soutien médico-psychologique!Moi,toute ma vie j'ai pris des risques,et à chaque fois que je me suis ramassé une claque,il y avait un seul responsable:ma pomme:On ne peut pas dire que vous soyez des aventuriers,mon pauvre garçon.."
"Voilà ce qu'ils sont devenus,les travailleurs en lutte pour la dictature du prolétariat et l'abolition de la propriété privée!Des petits épargnants étranglés par les mensualités de leur crédit révolving,qui ne pensent qu'à prendre leur retraîte le plus tôt possible pour aller tailler le jardin de leur pavillon qu'ils paient depuis l'âge de vingt ans...Ah,vous les avez bien récupérés,les damnés de la terre!Ils sont entrés dans le rang,maternés par l'Etat-providence qui leur fixe dès la naissance le code politiquement correct.On ne doit pas fumer,pas manger gras,pas dire à un Arabe qu'il est arabe,pas dire à d'un vieux qu'il est vieux,pas dire d'un pédé qu'il est pédé,sous peine d'aller en prison pour racisme ou discrimination! Il ne faut pas traiter de voyous les loubards cagoulés qui brûlent votre voiture sous peine d'être taxé de fasciste.On ne peut plus mettre une baffe à un gosse sans qu'il vous dénonce pour sévices,et si on refuse de lui acheter une Mob,il vous accuse de pédophilie.Excuse-moi,mais ce genre de bonheur-là,je te le laisse volontiers..."
"Tout est de votre faute,poursuivit l'ange,piquée au vif.Vous savez ce qu'il restera de votre civilisation sans pyramides et sans cathédrales,où l'on ne dessine plus sur les parois des grottes,où l'on n'écrit plus sur des feuilles de papier?Une planète désespérement immaculée.Triste et vide comme un de vos appartements témoins.Avec votre manie du biodégradable,à force de vouloir sauvegarder le futur,vous aurez effacé le passé...Alors ne vous étonnez pas si ces petits bonhommes barbus deviennent l'emblème de votre millénaire.Allez,en route!" Au passage,Honoré salua d'une inclinaison de tête ce nain (de jardin )réjoui qui était applé à de si hautes fonctions."
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