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Citations
14 mai 2007

Alexandre JARDIN

L'ILE DES GAUCHERS

A trop vouloir rester l'amant de sa femme, il n'avait pas su devenir son époux.

Jérémy avait toujours eu pour sa femme ce goût aveugle et finalement égoïste qui ne cherche pas à pénétrer ce qu'est l'autre, cette sorte d'emportement délicieux qui fait aimer les jeux de l'amour plus que son objet.

Notre utopiste[Capitaine Renard]grand lecteur de Fourier et de Prudhon, voulait établir un ordre social où l'attention aux choses de l'amour et la recherche de la tendresse se substitueraient à l'agressivité, à l'initiative personnelle, à l'émulation économique, à l'instinct de possession-mobiles habituels dans notre civilisation.

Nombreux furent les Parisiens ricaneurs (pléonasme...)mais il se trouva quelques centaines de gauchers français...pour le suivre.

[...]qui n'avait pas supporté la société des hommes, si vide de sens, si rongée par cette violence ordinaire faite de méfiance et de jugements que chacun se croit autorisé à porter sur les autres.

Il n'était pas rare qu'Emily finit par se sentir comme folle de ressentir des émotions que Jérémy niait. L'envie de hurler lui venait alors; elle se montrait querelleuse, le critiquait avec toute la férocité que lui soufflait son amertume, férocité qui lui échappait d'ailleurs et dont elle n'avait pas même conscience.D Dénigré, Jérémy entrait dans une ironie belliqueuse nourrie par le sentiment d'être injustement pris à partie.

Un jour de rage, Emily avait même jeté leur poste radiophonique par la fenêtre, afin que cessât l'intrusion de ce divertissement sournois qui faisait entrer chez elle une vision du monde si contraire à ses exigences, ces ondes qui leur mettaient continûment dans le coeur des émotions factices qui n'étaient pas les leurs.

Comme la plupart des maris, il ignorait les attentes informulées de sa femme, ce que cachaient ses silences, la véritable nature de ses blessures secrètes.

On le sais les mots vont souvent plus loin qu'on le voudrait, ou alors pas assez.

Il arrivait parfois que ce mutisme plolongé devînt éloquent, qu'il fit apercevoir la pauvreté du lien qui subsistait, à force d'habitudes, entre deux êtres.

Jamais il n'était venu à la jugeote de Jérémy que l'on pût recgercger une jouissance en abdiquant son propre rythme, là était peut-être l'une des leçons qu'il pouvait tirer de sa déroute.

[....]cette constatation simple laissait Cigogne stupéfait, lui qui ignorait cette grammaire faire d'attentions qui font mouche, de cadeaux chargés de sens, de sacrifices qui émeuvent, de gestes qui viennent à propos, de silences qi touchent le coeur, d'initiatives qui vous font sentir à quel point l'on est unique et regardé.

Une seule phrase ^^ut suffi à les sortir de ce présent qui ignorait l'emploi du passé et du futur, ces temps engoissants.

La grande question qui accaparait les maîtres et les élèves n'était pas "comment se faire aimer?"-interrogationqui semblaitobnibuler le monde des droitiers-mais "comment aimer?".

Une maison dans laquelle la vie matérielle à deux ne prendrait jamais le pas sur leur commerce affectif; de façon à éviter que l'un ou l'autre éprouvât la sensation d'être piégé, de s'être fait voler sa liberté.

Il serait aussi possible d'aller et venir hors de la maison sans que l'autre pût exercer ce contrôles irritant et implicite qui fait du couple le lien privilégié de la tyrannie ordinaire, sous couvert de la plus vive tendresse.

Il fallait qu'elle eût besoin de Cigogne parce qu'elle l'aimait et non qu'elle l'aimât parce qu'elle avait besoin de lui.

Elle sentait clairement que l'amour n'est pas constitué par l'objet sur lequel il se porte mais par le talent qu'a le coeur de se remplir en se donnant.

Les sentiments d'Emily lui avait toujours semblé une manière de titre lui donnant le droit d'exiger des choses de Jérémy et inversement [...]Ainsi se mettait en branle la machine à désaimer qu'on appelle un couple, d'attentes insatisfaites en incompréhensions douloureuses.

C'est à ça que sert l'adultère, à réoxygéner l'être....

Dire la vérité c'est demander à l'autre de nous aimer dans notre complexité.Il faut permettre cela à l'autre.

Je ne vous dis pas de dire la vérité des faits, mais celle de vos terreurs, de vos émotions et de vos rêves.

L'essentiel des gauchers ne se satisfaisait pas avec des billets de banque.

Tou ce qui vous agaçait chez elle n'était-ce pas le reflet de ce que vous n'avez jamais su vivre?

A vrai dire, bien des choses, dans sa nature l'avaient toujours horripilé!

L'autre n'est-il pas le plus fidèle miroir de nos impuissances? Il se pourrait que ce soient vos handicaps surmontés que vous aimiez en elle.

CHAQUE FEMME EST UN ROMAN

Quand on aime les êtres, il ne faut pas les protéger. Je déteste les familles où l'on se contrôle les uns les autres

- Il ne faut pas garder les mêmes livres toute sa vie, me répond-elle. On a l'âge de sa bibliothèque.
- Oui mais quand même...
- Nos étagères vides appelleront d'autres livres.
[....]Cette femme d'empleur ne brûlait pas les romans pour qu'il y en ait moins dans sa vie mais bien pour qu'il en eût davantage!

Nous sommes si souvent les auteurs de la conduite des autres.

Aimons-nous des êtres réels ou bien l'opinion que nous nous faisons d'eux?

Quand des gens bien expérimentent le mal, c'est sans fond. [...]Tout homme devrait un jour rencontrer le visage qui lui fera connaître la face inavouée de son caractère.

Un jour, je le sais, je parviendrais à mes fins. A condition d'agir aux rebours de toute logique; car le contre-pied demeurera éternellement celle du coeur. Déplorons-le, mais ne l'oublions jamais... Un corps n'attire que s'il échappe.

Pendant deux mois, auprès d'elle, j'ai douté que pour tout obtenir en amour il faille pardonner à outrance et donner à l'autre la plus cuisante des libertés: celle d'explorer le bonheur ailleurs.[...] je sais désormais comment on récupère l'amour de sa vie: en dégringolant loin de son égo. On ne retient bien que ce qu'on lâche à temps.

- Son talent érotique et sentimental était dû au méningiome. Je suis formel: le cortex de ton amie est revenu à son état naturel. La perfection passionnelle, c'est un dysfonctionnement compressif.

Celle-ci m'a enseigné, très tôt, que la rêverie est une recours aussi efficace - et aussi vital- que la littérature. Il ne faut pas réclamer trop au réel.

Il suffit de disposer d'indications qui donnent à la réalité un sens acceptable et réjouissant. Le bonheur, la joie, toutes ces choses ne sont qu'une affaire d'information.

[....]car son quotidien l'a persuadée que le diagnostic d'orientation ne définit pas le potentil des élèves, il le crée.

Pendant onze jours, alllégé de tout babil, j'ai pu observer qu'on favorise meiux la communication en l'interdisant qu'en la prônant; car s'obliger à ne pas parer n'a que peu de chose à voir avec le vide. Et encore moins avec le desssèchement de l'indifférence. Vidangé de son trop-plein de mots, le monde devient alors transparent; comme si la parole empêchait les dialogues de grande amplitude.

Il y a des heures où l'on a besoin de rencontrer des gens sans faire leur connaissance.

Osez tous les retours de jeunesse (oui, nous pouvons en vivre plusieurs). Méprisez le bonheur, cette bévue, préférez la joie.

Ce fut simple, peu plausible, comme le vrai bonheur.

Le vrai risque, ce n'est pas d'avoir mal. C'est de ne pas s'exposer, n'est-ce pas?

A présent, je m'interroge: la réalité se trouve-t-elle dans le corps observé ou dans l'oeil qui regarde?
Cette question, je l'ai posée récemment à ma mère qui m'a répondu outrée:
- Dans l'oeil, mon chéri. Comment peux-tu en douter?

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